EXPERT-COMPTABLE MEMORIALISTE – Jusqu’où irez-vous pour obtenir le diplôme d’expertise comptable ?
- F MM
- 3 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 oct.

Cher lecteur,
Vous savez, je suis un pur produit du Kongo. Je suis née sur cette belle terre, de parents extrêmement jeunes pour l’époque : mon père et ma mère avaient respectivement 17 et 15 ans, si je ne me trompe pas. Ce détail, assez délicat à l’époque, fait paradoxalement ma fierté aujourd’hui, car mes parents ont très bien pris soin de moi malgré leur jeune âge.
Vous imaginez bien que je me devais d’avoir un comportement « exemplaire » dans cette situation. En tout cas, c’est ce que j’ai toujours pensé dans mon cœur. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que je voulais être expert-comptable. Je voulais, à travers cette réussite, leur faire comprendre qu’ils avaient bien fait de me laisser vivre ! Et je vous garantis que j’étais déterminée à leur rendre hommage.
J’avais tout planifié, même la date de mon retour au Kongo pour voir mon père, diplôme en main. L’année 2022 devait être l’année : celle où je validerais le DEC en une seule fois, à la session de novembre.
Et puis, tout a basculé…
La nuit du 1er mai 2022.
Je me souviens parfaitement : après avoir travaillé sur mon mémoire dans ma chambre, je m'adonnais à des séances de gainage. Puis mon téléphone a sonné. Un appel du Kongo. Je trouvais cela inhabituel et je n’ai pas répondu. Puis un second appel, du Ghana cette fois. Je décroche.
C’était ma tante. Elle a juste dit « Venezia »… puis elle a fondu en larmes. J’ai compris tout de suite : c’était au sujet de mon père. Il était décédé plus tôt dans la journée, ce dimanche 1er mai 2022.
Je ne parle jamais de ma vie privée, car je pense que celle-ci m’appartient au même titre que la vôtre vous appartient. Mais alors, pourquoi cet article ?
Parce que…
Hier, en discutant avec Sarah Hedjeres, chargée de la réalisation de la mini-série « Les experts-comptables mémorialistes » — qui illustrera assez comiquement les situations des dans lesquelles se retrouvent les candidats engagés dans la rédaction de la notice d’agrément, du mémoire DEC ou dans la préparation pour la soutenance orale — nous évoquions les cas les plus extrêmes.
Et j’ai repensé à celles et ceux qui, malgré des épreuves terribles, ont tenu bon jusqu’au bout pour valider le DEC. Pour leur succès personnel, mais aussi en mémoire de leurs proches.
Mon cas…
Après l’annonce du décès de mon père, j’ai pleuré trois jours. Exactement le délai légal accordé aux salariés en cas de perte d’un proche. Puis, j’ai dû retourner au cabinet. Et j’étais plus que jamais déterminée à être expert-comptable, à utiliser mon mémoire pour lui rendre hommage.
Je vous passe les détails… Entre les sanglots étouffés dans la salle de bain et les nuits intenses de rédaction, jusqu’au dernier soir : le 31 août 2022 à 20h, j’étais encore en train de corriger des détails, car le graphiste à qui j’avais confié la mise en page avait oublié les liens hypertextes sur mes outils. Résultat : j’ai déposé mon mémoire à la Poste de Paris après 21h ce soir-là.
Bref, je n’ai pas eu le temps de m’isoler pour être triste. Ou plutôt, je me suis interdit de m’isoler. Parce que je le voulais, je devais l’avoir en une fois ce DEC. Ces mots peuvent vous paraître extrêmes, mais c’était mon état d’esprit. Et personne n’aurait pu me faire changer.
Le 10 janvier 2023, les résultats du DEC de la session de novembre 2022
Je consulte la liste des admis. Je cherche mon nom… et là, je le vois !La première chose que j’ai faite ? Appeler un ancien collègue de cabinet et fondre en larmes. Ça y est, j’avais enfin terminé ce parcours interminable.
Plus tard dans la journée, les résultats individuels tombent. Mon regard se pose sur la soutenance : 15/20. Cette fois, j’appelle ma mère, en sanglots, pour lui dire que j’avais réussi. Et surtout que j’avais atteint mon objectif : mon mémoire dédié à mon père, était publié sur Biliotique.
Avec le recul
Des semaines ont passé, et maintenant des années… mais je n’oublie toujours pas cette année 2022 .
Un grand activiste américain que j’admire, disait : « Avec le temps, on apprend à supporter la séparation physique… mais la séparation mentale, elle, parfois ne se produit jamais. »
Je tenais donc à écrire cet article pour rendre hommage à celles et ceux qui ont traversé, ou traversent, des épreuves sensibles mais qui restent déterminés à atteindre leurs ambitions. Car je suis persuadée qu’au bout du compte, vos enfants, vos parents, vos amis, vos bien-aimés seront très fiers de vous.
✍️ C’était Fleur MBOUNGOU MBOUNGOU,
fille de l’honorable Joseph Bienvenue BOUNGOU,
membre de l’armée de terre du Kongo,
décédé le 01.05.2022 à l’âge de 49 ans.
Image : wayhomestudio
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